Claude Sommier – piano
Biographie
Claude Sommier naît à Fort de France en Martinique, mais quitte l’île alors qu’il n’a que deux mois, avec ses parents qui partent s’installer à Paris. Il apprend le piano au Conservatoire, mais, même s’il décroche des prix d’interprétation classiques, c’est déjà le jazz qui l’attire. Il l’apprend en autodidacte, et en plus, se met à d’autres instruments, guitare, saxophone, ce qui l’aidera plus tard dans son travail de composition. Il joue dans quelques clubs et bars pour s’aguerrir, mais se lasse très vite de rabâcher “Night in Tunisia” pour les touristes de la capitale.
Tant et si bien qu’une fois le bac en poche, Claude laisse tomber complètement la musique pour se consacrer à ses études, ( il confie tous ses instruments à un ami musicien !). Il rentre à la faculté de médecine dont il sortira médecin généraliste, tropicaliste puis urgentiste.
Au bout de cinq ans d’études, Claude Sommier n’y tient plus, rachète un piano, et se lance de nouveau avec frénésie dans la musique, travaillant plusieurs heures par jour pour retrouver son niveau, et même rapidement, le dépasser. Il monte son premier trio professionnel en 1979, avec Francis Dewader (dms) et Stéphane Cognac (cb). Cette même année, ils jouent en première partie du trio Humair Jeanneau Texier lors d’un concert au Forum des Cholettes. En 1980, Claude participe à l’album “Creole Gypsy” de Roland Brival.
En 1981, Claude décide de revenir en Martinique pour y jouer sa musique. Il y monte un nouveau Trio avec Eric Le Fort et Majama Fall. Le groupe “Obidjul” s’installe tous les soirs au Balafon (Fort de France) et finit par y être entendu par un public de plus en plus nombreux. C’est l’amorce de nombreux concerts dans toute la Caraïbe, et en Amérique Centrale (Porto Rico, Sainte Lucie, Barbade…). Claude enregistre également à cette période avec Eugène Mona, Toto Bissainthe…
De retour en métropole, Claude Sommier monte “Djoa” en 1985. Le quintet se présente au Concours de Jazz de la Défense, qu’il remporte dans la foulée en 1986, ainsi qu’un prix de composition pour Claude.
Ce succès ouvre les portes de nombreux engagements pour le groupe. Cette même année 1986, suite à une défection de dernière minute du groupe Sixun, Claude est appelé en urgence par le New Morning pour y assurer deux dates d’affilées. Le groupe relève le défi et remplit le célèbre club parisien les deux soirs. Par la suite, Djoa fera partie des groupes privilégiés programmés régulièrement par le New Morning, une fois par an… jusqu’en 1998.
L’année suivante, Claude Sommier envoie une cassette au jury du Concours International de Jazz à Vienne. Le groupe est présélectionné parmi les dix finalistes. Au dernier moment, le saxophoniste du groupe fait défection, et Claude se retrouve avec une formation amputée et des arrangements bancals pour sa prestation sur scène. C’est pourtant bien “Djoa” qui gagne le concours, si bien que le groupe est rappelé pour le Festival, un mois plus tard. “Djoa” y joue sur la même scène que Monty Alexander, lui-même accompagné du “paniste” Othello De Molineaux. C’est la révélation pour Claude qui voit dans le mélange harmonique entre le piano et cet instrument (le pan), des possibilités nouvelles et enrichissantes pour son groupe.
Toujours en 1987, “Djoa” enregistre son premier album, “Pigment”, sur lequel on retrouve Luther François (sax), Marc Michel le Bévillon (Cb), Marsio Mamie (perc) et Ramon Lopez (dms).
En 1988, “Djoa” réussit ainsi à se faire inviter – sans “paniste” ! – au Pan Jazz Festival de Trinidad. Il y rencontre Andy Narell avec lequel ils se retrouvent pour une superbe jam-session. La voie semble désormais tracée pour l’intégration du steel-pan dans la musique de “Djoa”. Cependant, pour des raisons géographiques, celle-ci attendra encore un peu, Andy Narell n’étant pas facilement mobilisable.
Dans l’intervalle, “Djoa” enregistre son deuxième album “Credo Créole” en 1991. On y retrouve outre Claude, André Villéger (sax & cl), Marc Michel le Bévillon (cb), François Laizeau (dms) et Xavier Desandre Navarre (perc). Sur la lancée de cet album “Djoa” écume les festivals et les grandes scènes…
Durant cette dernière décennie, Claude Sommier séjourne plusieurs fois aux Etats-Unis : “Mes voyages, à New York essentiellement, puis Miami, m’ont plongé dans l’univers dont je rêvais adolescent ! Plusieurs fois entre 81 et 91, je me suis immergé : j’habitais chez Mino Cinelu ou bien j’étais hébergé par d’autre musiciens américains, comme Lloyd McNeil, et j’allais jouer, boeufer et écouter. J’y ai rencontré volontairement Dollar Brand chez lui (je lui ai offert “Pigment” aussi et lui, son dernier album “Market place”), McCoy Tyner à plusieurs reprises (je suis allé l’écouter plusieurs jours de suite au “Village Vanguard”), Miles Davis (en backstage avec Mino qui l’accompagnait ) etc… Je suis souvent allé dans des lofts où la musique était au rendez-vous avec les plus grands, Cecil Taylor, Joanne Brackeen, Rachel Z ; nous passions des nuits à jouer chez les uns et les autres et aller écouter Herbie en trio au Blue Note, etc… C’était devenu un besoin chez moi , cette immersion dans le creuset du jazz Américain.”
En 1992, c’est finalement Annise Hadeed, véritable star du steel pan, originaire de Trinidad, vivant à Londres, qui viendra compléter “Djoa”. En 1993 Claude obtient un troisième prix de composition au Concours International de composition Jazz organisé par le CMAC de la Martinique, et présidé par Gonzalo Rubalcaba. En 1994, lors d’une tournée caraïbes “Djoa” est réinvité au “Pan-jazz festival” de Trinidad, avec Annise aux steel-pans !
Claude, de 93 à 98, “tournera” parfois en duo avec Xavier Desandre, parfois en trio avec Eric Vinceno ou M-M Le Bevillon, ou encore Sébastien Jimenez, et en sextet avec au saxophone Jean-Marc Larché… Un enregistrement en trio “live” à Cologne, avec Eric et Xavier verra peut être le jour bientôt ! Fin 95 Marc Pavaut réalise un 13’ sur “Claude Sommier quintet”, à Radio-France, diffusé sur les chaines nationales et le câble.
En 1994, Claude rencontre le prix Nobel Derek Wallcott et son oeuvre “Vendredi Crusoé”. L’oeuvre est adaptée par le metteur en scène et acteur martiniquais Greg Germain, et Claude en écrit la musique. A cette occasion, il collabore avec son frère Serge Sommier, scénographe renommé (deux Sept d’Or, quatre nominations) aujourd’hui disparu.
“Djoa” fait paraître son dernier album, “Calalou” en 1996. Le disque est enregistré en sextet avec autour de Claude Sommier, Jean-Marc Larché (sax), Marc-Michel le Bévillon (el. cb), François Laizeau (dms), Xavier Desandre Navarre (perc) et Annise Hadeed (Steel pan), et décroche quatre étoiles dans le magazine “Jazzman”.
En 1999, Claude Sommier tombe malade, ce qui l’empêche définitivement de jouer du piano. Le couperet est évidemment terrible pour un tel passionné, médecin qui plus est ! Plusieurs tournées importantes furent annulées et le groupe “Djoa” se mobilisa en juin 2000, au festival de Paris, pour un “baroud d’honneur” pour la dernière apparition de “Djoa” avec Andy Emler au piano… Marc-Michel Le Bevillon, Xavier Desandre, François Laizeau, Jean-Marc Larché. En 2001, la Martinique lui consacre un hommage sur la scène du CMAC. Les compositions de Claude y sont interprétées par Andy Emler accompagné entre autres d’Alex Bernard, Luther François.
Mais la musique est toujours là, et Claude va désormais consacrer toute son énergie, outre son combat contre la maladie, à la composition. En particulier, il se met à composer pour la chanteuse Tangora, musiques et paroles. Ce travail débouche sur la réalisation de “Colorada” qui sort en 2005, et sur lequel quelques-uns parmi les fidèles de “Djoa” sont présents (Marc-Michel le Bévillon, Eric Vincenot, François Laizeau …).
*** Addendum *** Au long de ces années, Claude accompagne régulièrement Tangora en tournée et continue à composer. Un deuxième album de la chanteuse est d’ailleurs assez rapidement en préparation. Fin 2008, à l’occasion du festival de jazz du Plateau Picard, Tangora et Djoa se retrouvent sur la même scène – Andy Emler assurant le piano – sous les yeux émus de Claude. La maladie aura finalement raison de ce battant exceptionnel, qui nous quitte le 23 juillet 2009.
Autres informations
- La page MySpace de Claude Sommier : http://www.myspace.com/claudesommier
Although I did not see Claude in the last 35 years, I have only good memories from our soccer days of aa real gentleman.
May god bless his soul and help Annick cherishes the wonderful memories that he left us.
Claude Jumet
New York City
CLAUDE CLAUDE CLAUDE, THANKS FOR YOUR WORDS. I 'LL REMEMBER THEM ALL MY LIFE
Yna B
Martinique